De ses souvenirs de petit garçon, fasciné par les engrenages, Monchâtre fait naître des oeuvres pleines de poésie, des machines et des Automaboules, qui ne servent à rien sinon à rêver. Des expériences de sa vie d'adulte, il fait naître des oeuvres plus grinçantes, notamment ses Crétins : des personnages toujours de profil, aux membre raides, aux traits durs et anguleux, portant souvent une cravate. Ainsi visualise-t-il l'homme moderne, que ce soit l'employé pressé et stressé, qui passe sa vie à obéir en oubliant de rêver, ou le « petit chef », insignifiant et tyrannique. Ici, dans le Facteur en retraite, le Crétin est enfermé dans un bocal transparent. De cette façon, ces personnages absurdes ne sont plus dangereux. « C'est moi qui les met en scène », écrit Monchâtre. Ainsi,« ils perdent leur nocivité, et du même coup deviennent des pantins ridicules ».